Entrée dans le Livre Guinness des records, Tao Porchon-Lynch est la doyenne mondiale des professeurs de yoga. Icône de vitalité et de spiritualité pour plusieurs, elle a encore beaucoup d’adeptes. Voici le portrait original d’une femme dont la vie a été, et est toujours, mouvementée.
Active comme pas une, elle donne des cours, des ateliers de formation et des retraites de yoga, notamment à New York, au Connecticut, en Arizona et au New Hampshire. Sur une base hebdomadaire, elle donne même cinq cours de yoga non loin de chez elle, au nord de New York, où elle se rend, fringante, à bord de sa Smart.
Forme physique et philosophie
À 98 ans, elle adopte des postures dont le degré de difficulté impressionne beaucoup d’élèves, et les motive aussi. Tao Porchon-Lynch est non seulement une figure de proue, mais aussi un maître à suivre pour quiconque veut atteindre des objectifs ambitieux en yoga. De nombreuses vidéos sur le web, d’ailleurs, font la démonstration de sa maîtrise des techniques de l’art.
La dame a également son propre site web dans lequel il est facile de consulter les dates et les lieux des cours, des ateliers et des retraites qu’elle organise. Si elle y prône les bienfaits de se sentir jeune et d’être en santé, elle souligne aussi, et surtout, ceux du positivisme et de la volonté en action. Sa maxime préférée : « Quand on veut, on peut! » À ce sujet, elle s’exprime ainsi dans une entrevue : « Quand je me lève tous les matins, je crois très sincèrement ceci : quoi que vous intégriez dans votre esprit, cela se matérialise. »
À la lumière de son parcours de vie, il est facile de croire que cette philosophie l’inspire depuis longtemps. En effet, elle n’a jamais hésité à trouver des solutions, souvent salutaires, parfois extravagantes, pour parvenir à ses buts.
Un chemin de vie étonnant
Déjà, à la naissance, Tao Porchon-Lynch semble destinée à une mission particulière. Voyant le jour le 13 août 1918, sur un bateau, elle ne connaît sa mère que durant sept mois. Son père la confie, après le décès de sa femme, à un oncle et une tante. Elle vit ainsi avec eux, à Pondichéry, un comptoir colonial de la France en Inde.
À l’âge de huit ans, elle fait connaissance avec le yoga, mais on estime alors que c’est une discipline exclusive aux hommes. N’empêche, elle y consacrera sa vie, plus tard, en se disant que si les hommes sont capables de s’y adonner, elle le sera aussi.
À 12 ans, elle rencontre Ghandi, que la famille côtoie. Elle trouve en lui une vocation spirituelle et un amour des autres qu’elle mettra en pratique dès lors jusqu’à aujourd’hui, à travers tous les aléas de l’existence.
À l’approche de la Deuxième Guerre mondiale, Tao Porchon-Lynch se dirige vers l’Europe afin de retrouver son père. Plutôt, la guerre la contraint à se réfugier chez une tante qui l’introduit à la Résistance. Avec une générosité de cœur, elle aide des clandestins dans leur fuite vers l’Angleterre, mais doit traverser la Manche lorsqu’un de ses amis est arrêté.
Une fois à Londres, sans autre choix que de s’intégrer à la communauté, elle s’improvise danseuse de danses indiennes. Elle a même comme acolyte Marlène Dietrich, qui devient une bonne amie. De retour en France, après la Libération, elle agit comme mannequin auprès de Lanvin, profession qui l’amène aux États-Unis, pays qu’elle choisira un an plus tard comme son pays de résidence.
Après avoir travaillé pendant plusieurs années pour la MGM, la fameuse société de production, elle retourne à ses amours : elle enseigne enfin le yoga. Bien connue du monde cinématographique, ses premières élèves sont nulles autres que Debbie Reynolds et Kathryn Grayson.
Elle parfait ensuite son art, notamment au contact du gourou Pattabhi Jois, qu’elle transmet encore aujourd’hui avec la même force intérieure et la même conviction : quand on veut, on peut!
Photo : Robert Sturman