Plusieurs travailleurs et travailleuses attendent avec impatience de prendre leur retraite. Mais certain(e)s continuent à travailler même en recevant leur pension. Voici plus d’informations sur le sujet.
Plus par nécessité que par plaisir
Le nombre de personnes de 65 ans et plus qui occupent un emploi a quadruplé depuis 20 ans au Québec [1], passant de 29 000 en 2000 à 233 000 en 2023. L’an dernier, c’est plus de 12% des aînés qui étaient sur le marché du travail, pour un nombre moyen de 28h travaillées par semaine. Comme il y a près de 8 millions [2] de personnes de plus de 65 ans dans notre province, cet apport est non négligeable en cette période de pénurie de la main-d’œuvre!
En 2024, le coût de la vie à la hausse pousse les retraités à rester un peu plus longtemps sur le marché du travail. Près de la moitié des 65 ans et plus qui occupent un emploi le font par nécessité (pour joindre les deux bouts).[3] Certains seraient prêts à occuper un emploi, mais seulement s’ils pouvaient travailler moins d’heures par semaine et réduire leur niveau de stress [4]. Le télétravail complet ou hybride ainsi que la possibilité de travailler moins à certaines périodes de l’année seraient également des incitatifs motivants.
Mesure fiscale incitative
Pour inciter les personnes de 60 ans et plus à travailler pour obtenir un revenu d’appoint (en plus de leur rente, leur pension de vieillesse, le supplément de revenu garanti, etc.), le gouvernement Legault propose le Crédit d’impôt non remboursable pour prolongation de carrière. Entre 60 et 64 ans, le montant maximal de ce crédit est de 1500 $, tandis qu’à 65 ans, le crédit atteint 1650 $.
Pour y avoir droit, vous devez faire un revenu annuel de plus de 5000 $, tandis que le montant du crédit diminue à partir de 36 590 $ et n’est plus disponible à partir de 66 590 $ de revenus (pour les 60 à 64 ans) et à partir de 69 590 $ (pour les 65 ans et plus).
Qu’adviendra-t-il de vos pensions gouvernementales?
La pension de la Sécurité de la vieillesse est réduite uniquement si vos revenus annuels nets dépassent 86 912 $. Les « revenus annuels » incluent les fonds de retraite, les retraits du Fonds enregistré d’épargne retraite (FERR), le salaire, etc. Au-delà de ce montant, chaque dollar supplémentaire fera réduire de 15 sous le montant de votre pension.
Pour le Régime des rentes du Québec, les revenus de travail supplémentaires n’ont pas d’incidence négative. Au contraire, si vous avez plus de 65 ans, le fait de travailler bonifiera votre rente puisque vous continuerez à cotiser.
En ce qui a trait au Supplément de revenu garanti, chaque dollar gagné au-dessus de 5000 $ par année le réduit entre de 25 et 75 cents (selon le revenu). Cette diminution pourrait aussi affecter l’accès à la gratuité des médicaments, puisqu’une personne ayant 65 ans et plus doit recevoir 94% et plus du SRG maximal pour y avoir droit.
Qui profite le plus de travailler après 65 ans?
Selon une étude de l’Université de Sherbrooke [5], ce sont les personnes ayant un revenu modeste qui profitent le plus de travailler après l’âge de 65 ans. Par exemple, un travailleur de 67 ans qui reçoit 21 000 $ de rentes conservera 73,2 % sur un salaire de 10 000 $, soit une hausse de son revenu total de 7316 $. Un travailleur de 67 ans qui reçoit 36 066 $ en rentes, qui gagnerait 20 000 $ avec un emploi, garderait 12 300 $.
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[1] Institut de la Statistique
[5] Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke