Les retraités choisissent en majorité la location dans une résidence après avoir vendu leur propriété. Un choix dicté par la volonté de simplifier le quotidien et de profiter de la vie, sans souci. Avantages.
Cette article a été rédigé en collaboration avec Guide Habitation qui présente l’article complémentaire : L’achat de condo à la retraite? Un bon investissement
Le marché de la location d’appartements/condos pour retraités connaît un boom sans précédent. Oubliez les chambres vétustes et les atmosphères cliniques et moroses. La tendance est à la modernité, au luxe et aux services à la carte : cinéma, parc boisé intime, spa, billard, cellier… Comme à l’hôtel! « Avant, les personnes âgées allaient vivre, souvent contre leur gré, dans des foyers d’accueil alors qu’aujourd’hui ils recherchent un complexe comme un milieu de vie et un cercle social, » illustre Michèle Lanteigne, VP au Boisé Notre-Dame, résidence haut de gamme à Laval, où le taux d’inoccupation est en deçà de 1 %.
Tranquillité d’esprit
Ghislaine Charbonneau, retraitée de l’enseignement, a fait le saut vers la location il y a un peu plus d’un an, après quelques années de réflexion : « À un certain moment, j’ai ressenti que j’avais moins d’énergie, mais surtout moins d’intérêt à entretenir une maison, raconte-t-elle, et je me suis mise à la recherche d’un condo locatif dans mon quartier. » Madame Charbonneau ne regrette pas son changement de vie. Elle apprécie le sentiment de sécurité et la diminution des responsabilités. « J’ai toujours eu en tête de me payer du bon temps à la retraite. L’argent recueilli lors de la vente de ma maison me permet de voyager tout en payant mon loyer. Je peux planifier les dépenses sans craindre une réparation imprévue ou des frais d’entretien. » Madame Charbonneau n’est pas la seule à faire cette réflexion. Louis Desjardins, directeur des ventes pour le Groupe Maurice, une entreprise qui compte 26 résidences et cinq complexes en construction : « La location est l’option de loin la plus populaire chez les retraités : 95% la préfèrent. »
Chez Sélection Retraite, la location est aussi l’option la plus prisée par la clientèle. Elle comporte de nombreux avantages, selon Philippe Bouclin : un seul paiement mensuel dans lequel tous les frais sont inclus, la possibilité de changer d’appartement rapidement en cas de besoin (séparation, décès, perte d’autonomie, etc.) et une plus grande variété d’appartements disponibles, par rapport à l’achat d’un condo pour retraités. « Pour les snowbirds, être locataires permet de partir en Floride avec la paix d’esprit. Comme Réseau Sélection assure la gestion des complexes, la clientèle se sent rassurée par rapport à l’entretien du bâtiment, indique le directeur de la programmation et des projets spéciaux. Beaucoup de retraités profitent également d’une partie du capital de la vente de la maison pour voyager ou aider leurs enfants. »
Location : un secteur dynamique
L’arrivée de la génération baby-boomer à l’âge de la retraite change la donne, selon Anne-Émilie Sayegh, gestionnaire marketing chez Bâtimo, promoteur spécialisé dans les complexes pour retraités : « Les nouveaux retraités ne veulent plus se sentir vieux. Ils recherchent un espace de vie qui leur ressemble, et une communauté qui brise le sentiment d’isolement. Les aires communes où l’on retrouve la salle à manger, l’espace foyer, le billard ou le coin salon avec Internet rendent leur quotidien plus agréable, comme les récréologues qui organisent des activités et des sorties à la demande. »
Des données obtenues auprès de la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL) corroborent ces dires : le nombre de mises en chantier devrait afficher une légère tendance à la hausse jusqu’en 2019 à Montréal, soutenue (…) par la construction de logements locatifs et de copropriétés, notamment pour séduire une clientèle de baby-boomers. Selon les analystes de la SCHL, les baby-boomers arrivent à une période de leur vie où ils pourraient décider de vendre leurs propriétés et de changer de mode d’occupation. Sur le marché locatif, les constructeurs garderont le cap sur la construction de logements destinés au marché des résidences pour personnes âgées, compte tenu du vieillissement de la population.
Comparer les coûts
Au plan budgétaire, la décision d’acheter ou de louer dépend des objectifs, mais surtout de la situation financière du ménage, explique Angela Iermieri, planificatrice financière chez Desjardins : « Pour bien des gens, la valeur de leur propriété constitue leur seule liquidité. En vendant, ils obtiennent un montant qui leur servira à payer le loyer tout en réalisant d’autres projets de retraite et qu’ils pourront faire fructifier par des placements. » Pour Anne-Émillie Sayegh, de Bâtimo, louer revient cependant plus cher dans une perspective à long terme : « La location demeure toutefois très intéressante, car elle offre un sentiment de liberté. Comme locataire, il n’y a jamais tracas reliés à la propriété ni de mauvaises surprises! » Madame Sayegh ajoute que les personnes âgées de plus de 70 ans peuvent économiser sur le loyer mensuel en obtenant un crédit d’impôt pour maintien à domicile si leur résidence offre des services destinés aux personnes âgées semi-autonomes.
Faire son choix
Le planificateur financier et conseiller en placement pour la Banque Nationale Benoît Parenteau constate que l’idée « acheter est mieux que louer », demeure très répandue. Comme si l’achat était un investissement et la location une dépense : « Il faut plutôt évaluer les besoins et objectifs de chacun, car les deux options entraînent des déboursés. » Selon monsieur Parenteau, le rêve de posséder une maison est souvent assouvi à l’aube de la retraite : « Le contexte affectif n’est plus le même. Les gens préfèrent se gâter et se simplifier la vie plutôt que d’envisager des projets de rénovation. L’idée d’une nouvelle hypothèque, «de se rembarquer » pèse plus lourd. » En optant pour la location après avoir vendu une résidence, il devient alors important de faire fluctuer son avoir : « L’argent demeure plus mobile et accessible qu’en achetant une nouvelle habitation, mais avec de bons placements, on peut obtenir des revenus qui nous serviront à payer le loyer sans trop toucher au capital. »
Des vacances à vie
Lise Petit, 68 ans, n’a pas hésité avant d’opter pour la location dans une habitation réservée aux gens de plus de 55 ans : « Tous les frais sont inclus dans le prix de mon logement, ce qui me simplifie la vie. Les services de conciergerie et de repas sur demande s’avèrent aussi intéressants. Le complexe m’offre un environnement sécurisé. Comme je vis seule, je trouve cela rassurant. »
Salle à manger avec service aux tables, entretien ménager, gestion des médicaments, gym de luxe, cellier : c’est ce type de service qui attire les retraités, indique Louis Desjardins, du Groupe Maurice: « C’est une tendance forte. Les nouveaux retraités s’offrent en quelque sorte le sentiment d’être en vacances permanentes. Ils sont épicuriens, bien informés et ils désirent un environnement élégant, à leur image. En choisissant d’être locataires, les gens ont l’esprit tranquille. C’est le principe de la liberté qui est au cœur de leur décision. »
Merci à Anne-Émillie Sayegh, gestionnaire marketing chez Bâtimo, à Angela Iermieri, planificatrice financière chez Desjardins, à Benoît Parenteau, conseiller en placement pour la Banque Nationale, à Lukas Jasmin-Tucci de la SCHL, à Louis Desjardins, directeur des ventes pour le Groupe Maurice, à Michèle Lanteigne, VP au Boisé Notre-Dame et à Ghislaine Charbonneau et Lise Petit pour leur aimable collaboration.
