Au Québec, les proches aidants qui prennent soin régulièrement et sans rémunération d’une personne fragilisée se chiffrent à près de 1 000 000. Et bien peu d’entre eux sont préparés à ce qui les attend.
Pas si naturel que cela…
Marika Audet-Lapointe, Ph.D, psychologue à la Clinique PSYmedicis spécialisée en onco-psychologie et en psychologie de la santé, connaît bien l’univers des proches aidants. « Il faut d’abord savoir qu’on utilise maintenant l’expression « proche aidant ». L’appellation « aidant naturel » ne rend pas compte de la réalité, car il n’y a rien de « naturel » à être aidant. Et cela, même si on a des compétences médicales comme celles d’une infirmière ou d’un médecin. Quand des émotions sont impliquées, quand il s’agit de soi et de quelqu’un qu’on aime, on se retrouve vraiment tous en même terrain fragile et c’est souvent bien loin d’être naturel »!
Contribution volontaire!
Au Québec, une personne sur sept dont une femme sur trois, serait proche aidante. À eux seuls, les proches prodiguent 80 % des soins à domicile et leur travail contribue à une économie de 5 000 000 000 $ dans le réseau de la santé du Québec.
Le juste équilibre
La vie des proches aidants n’est pas facile. Certains n’ont pas pris une seule journée de vacances depuis des années. D’autres s’écroulent à la mort du proche dont ils prenaient soin, car ils lui ont consacré toute leur vie. « Il faut faire attention à soi, nous explique madame Audet-Lapointe. On ne se pose pas la question si on peut être proche aidant ou pas, on le devient souvent malgré soi. On ne prend pas assez conscience de l’impact de toutes ces émotions dans notre propre qualité de vie. Il faut savoir se revitaliser, avoir des répits, pratiquer des activités qui font du bien, bénéficier du réseau social, voir des amis… ».
Le proche aidant doit aussi être capable de se poser LA question : « En suis-je venu à un point où je ne peux plus garder cette personne avec moi »? Et surtout, on va se chercher de l’aide auprès d’un psychologue, d’un médecin ou des ressources pour proches aidants comme le Regroupement des aidants naturels (RANQ) qui répertorie 80 organismes d’aide réparties dans 16 régions du Québec.
Sa part de responsabilité
À moins que le malade souffre d’une grande perte d’autonomie, n’oublions jamais que c’est d’un individu à part entière dont on prend soin. Notre psychologue est claire à ce sujet. « Certains conjoints vont tout faire pour l’autre alors que ce dernier est encore tout à fait capable de prendre ses rendez-vous au téléphone, renouveler ses médicaments à la pharmacie et poser ses propres questions au médecin. Le danger, c’est de placer l’autre dans un état de dépendance où il ne fera plus rien. Il faut savoir se dire : « Je vis ce défi avec toi, je ne le vis pas pour toi et à ta place. Nous cheminons ensemble. » ».
Venir en aide un proche aidant
Vous désirez rendre service à un proche aidant? Madame Audet-Lapointe nous conseille à ce sujet. « Vous faites de la lasagne en croyant faire plaisir à votre amie. Or, ni elle ni son conjoint malade ne digèrent les tomates. Pourquoi ne pas leur demander plutôt ce qu’ils aimeraient manger, ce qui leur ferait plaisir, ce qui contribuerait à leur mieux-être? « Quand aurais-tu besoin de moi? Que voudrais-tu que je fasse pour toi? » Mais attention, si vous proposez par contre d’être là tel jour, telle heure, soyez-y, car le proche aidant comptera alors sur vous ».
Alors, pensons-y, ne connaissons-nous pas un proche aidant dans notre entourage? Lui proposer nos services en offrant une aide concrète pourrait toujours être un beau cadeau à lui offrir!