Les propriétaires de résidences pour aînés doivent faire au moins deux exercices d’évacuation incendie annuellement. C’est un règlement de la Régie du bâtiment. Si des résidences s’y soumettent, d’autres n’en voient pas réellement la pertinence.
Après la tragédie de L’Isle-Verte, on aurait pu croire à une implication spontanée des propriétaires. Pourtant, selon l’Association des chefs en sécurité incendie du Québec, ce n’est pas le cas.
Résidences supervisées ou non par les pompiers
Dans plusieurs municipalités, les exercices d’évacuation ont lieu en présence des pompiers. Ces derniers en dirigent le déroulement, prennent des notes et les consignent dans un rapport. Des recommandations sont émises, que doivent considérer les propriétaires pour les futurs exercices.
Par contre, il devient inquiétant de penser que les résidences non supervisées pourraient simplement laisser tomber ces procédures. Certains groupes de propriétaires auraient d’ailleurs proposé aux résidents de les abandonner pour cause de danger. Puisque plusieurs personnes âgées ne se déplacent pas facilement ou ne sont pas autonomes, il ne serait pas sécuritaire de les obliger à cet acte de prévention, selon ces groupes.
L’importance d’adhérer aux exercices d’évacuation
Sylvain Dufresne, vice-président de l’Association, déplore cet état de fait. Il soutient que les exercices d’évacuation sont essentiels pour bien préparer les gens à une situation éventuelle d’incendie.
« L’exercice d’évacuation est là pour nous permettre, un, de sensibiliser les résidents à leur réalité, de former le personnel qui est sur place et, deux, de valider que la résidence répond aux normes du guide qui a été développé pour évaluer les exercices d’évacuation », affirme-t-il.
Il permet certainement de minimiser les dommages liés au feu et de sauver des vies. Étant donné de nombreux échecs aux exercices d’évacuation, il vaut mieux tout mettre en place pour, justement, réduire les effets de la catastrophe.
Judith Gagnon, présidente de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées, abonde dans le même sens : « Il faut qu’on se pratique en cas de feu. C’est notre santé et notre sécurité. Il faut vraiment qu’on fasse des exercices. Si on ne se pratique pas, on ne peut pas savoir le temps requis, on ne peut pas savoir comment ça va aller, comment ça va aller dans l’environnement. »
Les lacunes les plus fréquentes
Le temps requis dépend de plusieurs facteurs, dont le type de construction, les caractéristiques du bâtiment et les équipements d’alarme et de sécurité incendie. Le ministère de la Sécurité publique évalue qu’une évacuation doit être faite en 3, 5, 8 ou 11 minutes. Les exercices d’évacuation permettent entre autres de savoir si ces délais peuvent être respectés.
C’est d’ailleurs une lacune fréquente dans les rapports d’évaluation. On y trouve aussi : l’inefficacité de la coordination de l’exercice, le son confus ou insuffisamment audible de l’alarme d’incendie, de même que la communication inadéquate entre les membres du personnel.
En règle générale, les propriétaires acceptent d’apporter les correctifs et effectuent ensuite l’exercice avec succès. Dans certains cas, cependant, les propriétaires se montrent récalcitrants et se voient retirer la certification de leur résidence. Les villes de Montréal, Longueuil et Québec sont celles qui mettent le plus de temps à remettre leurs rapports concernant les exercices d’évacuation menés dans les résidences de leur territoire.