Stéphane Lemire, docteur, a quitté son emploi fort bien rémunéré pour vraiment prendre soin des personnes âgées. Non satisfait de l’organisation des soins en milieu hospitalier dispensés aux aînés, il a décidé d’intervenir avant l’hospitalisation. Il a d’ailleurs réussi à en sauver beaucoup, d’hospitalisations!
Le docteur Lemire a terminé ses études en gériatrie en 2005. Il avait choisi sa branche avec un intérêt sincère. Toutefois, l’exercice de sa profession à l’hôpital lui a fait réaliser que certaines lacunes existaient. Et surtout qu’elles pouvaient être corrigées!
La motivation profonde de Stéphane
Ça prenait quelqu’un comme Stéphane, investi sur le plan humain et qui y croyait corps et âme, pour s’atteler à la tâche. Certains déclencheurs ont aidé à cette décision d’importance, dont un incident survenu à sa grand-mère Lorette qui avait grandement pris soin de lui. C’était comme sa deuxième mère, en fait, et il lui était, et lui est toujours, particulièrement attaché.
Alors qu’il séjournait à Londres pour se perfectionner en gestion appliquée de la santé, Stéphane a reçu un appel de sa conjointe. Celle-ci lui annonçait que Lorette était hospitalisée et qu’il ne pourrait probablement plus « skyper » avec elle, activité qu’il avait coutume de faire au quotidien.
Il n’en fallut pas davantage pour qu’il saute dans le premier avion et vienne lui-même prendre connaissance des faits. À son arrivée, Lorette bien-aimée montrait un taux de calcium deux fois trop élevé. Elle commençait même à délirer. À l’examen, Stéphane s’est rendu compte qu’elle ingérait un médicament ayant pour effet d’augmenter ce taux. Il l’a retiré illico de la liste des médicaments à prendre. Deux semaines plus tard, la dame était de retour chez elle, animée par ses petites tâches et bien dans sa peau.
Un acte de courage et de coeur
Il assuma de nouveau ses fonctions au CHUL, cependant toujours contrarié par les méthodes de traitement des personnes âgées. Ce qu’il constatait, c’est que si les aînés étaient diagnostiqués à temps et non une fois hospitalisés, ou pire hospitalisés mais en attente, nombre d’individus ne verraient pas leurs forces s’amenuiser.
Puisque les aînés récupèrent moins vite que les gens des autres tranches d’âge, ils s’affaiblissent plus vite aussi. Et un jour, il est trop tard. C’est ce qu’il faut éviter, selon Stéphane. En 2012, il a démissionné de son poste pour concrétiser le projet qui le permettrait. Il a créé la Fondation Âges.
Les services à domicile pour aînés
Logée dans les locaux du Service amical Basse-Ville, la Fondation a pour mission d’aider les aînés qui perdent la forme et de les remettre sur pied à temps. Stéphane fait donc des visites à domicile et tente de freiner des sorts plus tragiques. « Je suis plus efficace que lorsque j’étais à l’hôpital. Je suis sur le terrain, je vois les gens dans leur milieu, je peux intervenir aussitôt qu’il y a une diminution de l’autonomie, pas trois semaines après leur admission à l’hôpital. Je suis bien plus utile comme ça », affirmait Stéphane au journal Le Soleil.
Les services à domicile sont de plus en plus populaires. Le gouvernement s’y attarde. Des mesures sont prises. Des entreprises voient le jour. Reste que ces services ne sont pas reconnus au même titre que ceux donnés en milieu hospitalier, notamment sur le plan salarial. Stéphane rêve du jour où d’autres gériatres emprunteront ses pas et que le gouvernement leur accordera le même salaire que celui qu’ils reçoivent à l’hôpital. Actuellement, Stéphane récolte 46 $ de la RAMQ pour la première visite chez un client. Les autres visites ne sont pas encore considérées. Mais tant qu’il y a de l’espoir, il y a de la vie!