Selon plusieurs études universitaires et sondages menés en 2020 et 2021 au Québec, en France et aux États-Unis, les personnes âgées de 60 ans et plus seraient parvenues à rester plus heureuses que les jeunes adultes durant la crise sanitaire. Bien que les deux groupes d’âge aient été atteints par l’inquiétude et le stress, ce sont les 18 à 34 qui ont le plus souffert du confinement, et ce, de façon importante.
Les jeunes adultes plus gravement atteints
Bien que l’on ait souvent parlé, dans les médias, des problèmes liés à l’isolement des personnes aînées durant la pandémie, ce sont les jeunes qui ont le moins bien supporté le stress du confinement.
Les résultats d’un sondage réalisé à la fin du mois de février 2021 par la firme Léger indique que la détresse psychologique des canadiens de 18 à 34 ans en temps de pandémie surpasse de beaucoup celle des autres tranches d’âge. Au retour des Fêtes de 2020 (pendant lesquelles des mesures strictes de confinement ont été appliquées), c’est 38% des milléniaux qui évaluaient leur santé mentale comme étant mauvaise ou très mauvaise.
Un autre sondage Léger, mené en novembre 2020 auprès de 1209 étudiants répartis dans 17 campus universitaires du Québec, révèle que 81% des répondants ont montré des signes de détresse psychologiques.
« L’humeur des jeunes adultes a été nettement plus affectée que celle des personnes aînées parce que ceux-ci souffrent plus des impacts du confinement sur leur vie, explique Pierre Côté, directeur de l’agence de sondages. Les relations sociales sont très importantes pour les jeunes adultes et, quand ils en sont privés, leur indice de bonheur chute drastiquement. Le manque de socialisation avec leurs pairs, les cours à distance ainsi que le peu d’accès à des activités physiques ont perturbé leur santé mentale ».
En effet, la pandémie a eu des répercussions « sans précédent » sur le taux de bonheur des jeunes adultes canadiens, indique également une enquête menée par Statistique Canada. Publiés à la fin du mois de décembre 2020, les résultats de l’enquête indiquent que les jeunes adultes qui se disaient très heureux avant la pandémie ont vu leur satisfaction à l’égard de la vie diminuer de près de 50%, comparativement à une baisse de 27% chez les gens âgés de 60 ans et plus.
En France, l’Institut Ipsos pour la Fondation Fondamental (groupe de chercheurs en psychiatrie) a publié, en janvier 2021, une enquête indiquant que 2 jeunes français sur 3 estiment que la crise actuelle liée à la Covid-19 a eu des conséquences négatives sur leur santé mentale. Ce sont 29% des adultes de 18 à 24 ans qui ont eu des pensées suicidaires au cours des 2 premières semaines de janvier, et 21% d’entre eux présentaient des troubles dépressifs sévères ou modérément sévères .
Plus de résilience chez les aînés
Selon une autre étude menée en début de pandémie par L’Institut national de Santé publique du Québec, plus de 60% des personnes aînées se disaient inquiètes par rapport à la COVID-19, mais cette inquiétude avait diminué lors d’enquêtes subséquentes.
Et une autre étude menée par l’Université d’Oxford (qui remonte à avril 2020) a démontré qu’en début de pandémie, l’humeur des personnes âgées est restée bonne (en moyenne) comparativement à celle des jeunes adultes, qui avaient pourtant le même niveau de stress mais qui ressentaient beaucoup plus de détresse émotionnelle.
Une étude semblable, menée par l’Université de la Colombie-Britannique sur quelque 800 adultes de tous âges (vivant au Canada et aux États-Unis), indique que les personnes de 60 ans et plus s’en sont mieux tirées sur le plan émotionnel que les adultes moins âgés durant les premières semaines de la pandémie. Les chercheurs expliquent que les aînés se sont sentis moins stressés et moins menacés par la pandémie, ce qui est tout de même paradoxal puisque ces derniers sont dans le groupe d’âge le plus à risque d’hospitalisation et de décès en lien avec le coronavirus!
« Les résultats de l’étude indiquent que plus les adultes sont âgés, plus ils sont résilients sur le plan émotionnel, explique Patrick Klaiber, étudiant en psychologie et auteur principal de cette étude publiée dans le Journal of Gerontology : Psychological Sciences. Les personnes âgées possèdent de meilleures capacités d’adaptation pour gérer le stress, probablement parce qu’elles sont plus expérimentées et plus sages », ajoute-il.