Avez-vous déjà entendu parler des habitations communautaires pour aînés? C’est relativement nouveau au Québec : il s’agit d’une forme de cohabitation à coût accessible, qui représente une alternative aux résidences pour aînés gérées par un propriétaire. Les résidents prennent part aux décisions et participent à leur façon aux petites tâches de la vie quotidienne. C’est un milieu de vie coopératif dans lequel chacun se sent chez soi et peut s’épanouir.
Maison la Brunante, en Estrie
La Brunante est la première coopérative d’habitation pour aînés du Québec. Elle fut créée en 2003 après une suggestion adoptée à l’unanimité par la population de laM. La coopérative permet aux personnes âgées de 75 ans et plus domiciliées au village de vieillir dans leur communauté, entourées de leurs amis et de leur famille.
Les coûts sont modiques pour y loger et pour y manger, et cela empêche les aînés de devoir déménager dans une autre ville pour y trouver un hébergement. Le projet a été réalisé grâce à une subvention octroyée par le programme Accès Logis Québec (payant 50% de la construction de l’immeuble), tandis que la municipalité paie 10% des frais ce logement.
Chaque résident a sa chambre (il y en a 20 en tout) et tous se rencontrent pour les repas ainsi que pour les activités, qu’eux-mêmes choisissent. Chacun aide à sa façon (et tous s’entraident) dans les tâches quotidiennes. « Ce n’est pas une gestion aussi rigide que dans les résidences pour aînés habituelles. Ici, il n’y a pas patron ou de règles strictes. Chacun regarde ce qu’il y a à faire et aide comme il peut », explique un résident dans un vidéo tourné par l’organisme Projets collectifs d’habitations pour aînés.
Certains résidents s’occupent du jardin, d’autres mettent la table, aident à la cuisine, effectuent des petites réparations ou font la tournée des portes et fenêtres en fin de soirée (pour s’assurer que tout est sécurisé). Certains participent au comité social ou ont simplement une belle écoute lorsque quelqu’un se sent triste. Ainsi, tous sont valorisés de contribuer au milieu de vie.
Selon une résidente, « la forme coopérative améliore la qualité de vie, prolonge l’autonomie et éloigne la maltraitance. Les aînés ont du plaisir à vivre en communauté. Ils jouent aux cartes, regardent des films, échangent entre eux et font des tâches ensemble. C’est un milieu rassembleur! » Les prises de décisions se font par les résidents, qui se rencontrent tous les mois en conseil d’administration. La communauté participe également à la vie des résidents, et les résidents à la vie de la communauté!
Suite à l’implantation de La Brunante, la Loi sur les coopératives a été modifiée afin que les coopératives d’habitation puissent être constituées de personnes âgées de 75 ans et plus qui sont autonomes ou en légère perte d’autonomie. De plus, de nombreux autres villages souhaitent maintenant lancer des projets similaires dans leur communauté.
La Coop ViVe, dans les Cantons de l’Est
C’est à Sutton, dans une fabuleuse maison rose à 2 étages entourée de verdure, que 4 amis (âgés entre 58 et 68 ans) se sont installés pour vivre leur vie ensemble. Le journal La Voix de l’Est en a fait un tour guidé et présente la maison et ses habitants dans un article intitulé Ils montent une coop pour vieillir ensemble. Ce projet est né après quelques années de réflexion et de discussions entre 24 amis, qui rêvaient d’une vie en commun dans un climat coopératif. Finalement, ils sont 6 à s’être lancés dans l’aventure, mais un couple s’est désisté pour cause de maladie.
Les 4 amis ont acheté une maison qu’ils ont rénovée pour avoir 6 grandes chambres, 5 salles de bain, une salle de méditation, 2 salons, 2 cuisines ainsi que des chambres d’amis! La maison est enregistrée en tant que coopérative appartenant à une personne morale.
Tous les résidents ont leur mot à dire en ce qui a trait à la gestion de la propriété et à la vie en commun (questions monétaires, tâches à effectuer, fonctionnement interrelationnel au quotidien, achat des matériaux pour maintenir la maison en bon état, achat des produits à usage commun, etc.). Les « coopérants » sont plus que de simples colocataires qui font leur vie chacun de leur côté sans chercher une réelle synergie et un bonheur commun à long terme.
Ayant chacun leur histoire et leur personnalité, les amis respectent la sphère personnelle de l’autre tout en étant ouverts aux discussions et aux activités en commun. Ils ne partagent pas seulement une maison, mais aussi la vie. Chaque semaine, une rencontre de groupe sert à prendre des décisions à l’unanimité sur les enjeux du moment (ils ont préalablement suivi une formation en sociocratie)! Pour ces amis, vieillir n’est pas synonyme d’arrêt de la vie active : « On veut s’entraider, entretenir la maison ensemble et diminuer notre empreinte écologique. » Leur style de vie inspire même les plus jeunes, qui y voient une belle alternative aux résidences pour aînés.
Les résidents de cette coop innovante souhaitent cependant que l’administration publique révise les critères restrictifs qui définissent une coopérative (une grande maison devrait pouvoir être définie comme telle autant qu’un immeuble multilogements peut l’être). Cela facilitera l’élaboration de projets similaires. À cause de ce flou administratif, les instigateurs de la coop ViVe ont eu des bâtons dans les roues avec les assurances, l’emprunt bancaire et la municipalité.
Le Faubourg Jean-Marie Vianney, en Outaouais
Projet d’habitation communautaire novateur, le Faubourg Jean-Marie-Vianney est le lieu de vie de plus d’une centaine de personnes âgées de la municipalité de Gatineau. Le bâtiment de 6 étages comprend 130 logements à coût abordable pour les aînés autonomes ou en légère perte d’autonomie. Il est situé sur les terrains de l’ancienne église Saint-Jean-Marie-Vianney, qui a été rénovée et transformée en centre communautaire offrant une panoplie d’activités et de services (dont une salle à manger).
Finalisé en 2012, le projet a nécessité un investissement de 23 millions de dollars, dont 2,6 millions de la ville de Gatineau. Sur les 130 logements, 91 sont assortis d’une aide financière dans le cadre du programme de subvention au loyer. De plus, 12 logements sont spécifiquement destinés aux personnes à mobilité réduite. La coopérative d’habitation encourage une vie active. Voyez comment en visionnant le vidéo.
D’autres projets de coopératives d’habitation pour aînés
Dans un contexte de crise du logement, deux autres projets de coopératives d’habitation pour personnes âgées autonomes à semi-autonomes sont en voie de réalisation, l’un à Saint-Denis-de-Brompton (avec le projet Oasis des lacs) et l’autre à Windsor (en phase d’idéation).
Vous aimeriez mettre sur pied une coopérative d’habitation pour aînés?
Vous êtes à la recherche d’un modèle d’habitation coopérative pour votre municipalité, pour vos parents ou pour votre future vie en tant qu’aîné? L’organisme Projets collectifs d’habitations pour aînés peut vous aider à lancer votre projet! Des services d’accompagnement sont offerts gratuitement grâce à l’aide financière du gouvernement du Québec (dans le cadre du programme Québec ami des aînés).
Cet accompagnement commence au stade d’idéation et se continue même après l’arrivée des résidents. L’accompagnateur vous aide à planifier et à exécuter les différentes étapes qui vous permettront de concrétiser votre projet, ce qui prend entre 3 à 5 ans. Parmi ces étapes : la création du groupe de « coopérants »; le choix du terrain ou du bâtiment existant; l’étude de marché ou des besoins; la recherche de financement; etc. Vous trouverez des informations détaillées sur le site de Projets collectifs d’habitations pour aînés.