Si on se doit de reconnaître la place importante qu’occupent les jeunes dans les mouvements écologistes, il ne faudrait pas passer sous silence l’implication de gens de tous âges, dont plusieurs aînés et aînées. De Jane Fonda à David Suzuki en passant par les Raging Grannies, les personnes aînées sont nombreuses à se sentir concernées par l’avenir de la planète.
En effet, partout dans le monde, on compte plusieurs regroupements d’aînés et d’aînées qui luttent pour la protection de l’environnement : l’Alliance internationale des grands-parents pour le climat, les Aînés pour la protection du climat, en Suisse, les Raging Grannies, qui ont des groupes dans plusieurs pays, dont le Canada, ainsi que Les mémés pour le climat, dans la région de Lanaudière, au Québec.
Combattre les généralisations
L’idée voulant que les personnes aînées se préoccupent peu des changements climatiques et qu’elles sont responsables de l’état de la planète est très répandue. Les Mémés pour le climat avancent qu’il s’agit d’une généralisation. Elles reconnaissent toutefois que leur génération n’était pas aussi conscientisée à l’époque que le sont les jeunes aujourd’hui, même si les dangers du réchauffement climatique étaient déjà connus.
« Ça a pris des événements, des catastrophes carrément pour dire : peut-être qu’on aurait dû faire quelque chose avant, affirme Céline Poissant en entrevue à La Presse+. Je considère que les jeunes n’ont pas tout à fait tort de dire que ce sont les gens de notre génération. Mais ce n’est pas tout le monde : ce sont les gouvernants, le capitalisme. »
Malgré le caractère dramatique de la situation, les Mémés demeurent optimistes que les choses finiront par changer. D’autres personnes aînées, toutefois, sont plus inquiètes. C’est le cas de Normand Painchaud, un Montréalais de 83 ans, qui s’inquiète pour l’avenir de sa descendance.
« Comment l’humanité va subsister là-dedans ? s’interroge-t-il. À l’âge que j’ai, je ne verrai pas ça. Ce n’est pas moi que ça va atteindre, mais mes enfants en verront peut-être les effets. […] Je trouve ça vraiment épeurant pour le futur, même pour l’humanité au fond. »
Des aînées qui n’ont pas froid aux yeux
Mais plutôt que de s’abandonner à la peur, les ainés et aînées agissent. Loin de correspondre aux clichés sur le vieillissement, de nombreuses personnes aînées, en majorité des femmes, n’hésitent pas à mener des actions radicales. Plusieurs aînées, en effet, s’adonnent à la désobéissance civile, forme de protestation radicale non-violente, où des citoyens et citoyennes enfreignent la loi afin d’attirer l’attention du public et des gouvernements sur une injustice.
C’est ainsi que Jane Fonda, l’actrice américaine de 82 ans, s’est fait arrêter quatre fois et a passé une nuit en prison pour être entrée illégalement, accompagnée d’autres manifestants et manifestantes, dans des bâtiments du Congrès, à Washington, afin de protester contre l’immobilisme des gouvernements. Inspirée par la jeune militante suédoise Greta Thunberg, elle invoque l’urgence d’agir et parle du devoir qu’elle croit avoir de se servir de sa célébrité pour faire changer les choses.
Au Québec, Les mémés pour le climat s’adonnent elles aussi à la désobéissance civile. Le 29 novembre dernier, jour du Vendredi fou, elles ont envahi les Galeries Joliette en chantant des chansons dénonçant la surconsommation.
« On voulait faire un coup d’éclat pour allumer les consciences, explique Éliane Massé, l’une des quatre fondatrices du groupe avec Christiane Robidoux, Céline Poissant et Louise Leduc. Les autorités du centre commercial ont réagi très rapidement pour nous demander d’arrêter, mais on a continué encore un bout en disant : “On chante, on ne fait pas de mal.” Ils ont fait appel à un policier de la SQ pour nous mettre de la pression. On a plutôt rigolé. Même lui avait l’air de trouver ça drôle. »
Par leur implication dans les mouvements écologistes, les personnes aînées montrent qu’on n’est jamais trop vieux ou trop vieille pour s’impliquer socialement et pour travailler à faire changer les choses.